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MARINE ADENIS pour le sujet "Accrocher l’oeuvre/accrocher le spectateur", novembre 2009

Adenis Marine, novembre 2010


 Accrocher le spectateur, c’est pour moi le prendre par surprise, fixer son image, l’intégrer dans l’œuvre, le figer : le rendre captif.

 J’ai d’abord joué au photographe reporter dans le lycée, où j’ai le plus discrètement possible saisi des instants où des élèves se sont arrêtés devant des travaux artistiques affichés dans le hall et les différents couloirs. On imagine qu’ils les contemplent, les observent, ou encore les critiquent, les analysent, les jugent. Ils portent un regard extérieur sur l’œuvre. Puis j’ai imprimé les photos, format 11x15 cm, le plus connu/classique, et les ai collées sur un support papier à la manière d’un exposé. La couleur noire est simplement choisie pour mettre en valeur et faire ressortir les photos.

 Celles-ci sont cadrées sur les spectateurs, et non sur les œuvres – ce ne sont pas des photos à rôle documentaire d’une quelconque exposition, mais elles ont pour sujet l’observateur dans une exposition. On oublie souvent le spectateur, mais c’est à lui qu’on offre notre œuvre, à partir du moment où elle est montrée à un autre regard que celui de l’artiste. Les sentiments du spectateur et ses réactions vis-à-vis de l’œuvre varient d’une œuvre à une autre.

Adenis Marine, novembre 2010

 J’ai ensuite dessiné le reflet de quelqu’un (un inconnu, dont on ne reconnaît pas le visage, plus ou moins caché par son appareil) se prenant en photo devant un miroir. J’ai positionné le dessin au centre du travail. Le dessin, au fusain, est très réaliste, pour jouer sur le rapport photographie/dessin (qui est le sujet de ma problématique), et pour qu’au premier abord le spectateur prenne le dessin pour une photographie.

Adenis Marine, novembre 2010

 Ce dessin rappelle que le spectateur, pourtant ici bien présent dans l’œuvre, restait encore au statut de spectateur, devant lui-même. Il est dans l’œuvre, mais n’est pas pour autant créateur de l’œuvre. Le fait que l’image de l’appareil photographique soit un dessin insiste également sur le fait que dans la photographie, on a tendance à oublier le photographe, pour ne songer qu’à l’objet présenté par la photographie. Or ce photographe est avant tout un artiste, à sa manière : ce qui fait qu’une photographie est une œuvre, c’est en partie parce qu’elle nous montre quelque chose de notre quotidien avec un autre regard, tout comme l’art en général.

 J’ai choisi d’afficher mon travail comme un exposé, sur les murs du lycée. À peine l’avais-je accrochée et exposée à tous les regards, je fus encerclée de curieux qui s’étonnèrent de voir leur silhouette, leur visage, utilisés dans l’œuvre. Encore une fois ils étaient spectateur, devant ce travail, mais cette fois-ci ils observaient leur propre image. Dans le travail final, c’est eux l’œuvre.

Marine Adenis, TL/ES

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