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" Être une fille c’était pas mon genre ", un récit rédigé par Joy, dans le cadre du projet ZEP

Être une fille c’était pas mon genre

Petite, je pensais qu’il était tellement mieux d’être un garçon qu’une fille ! Je pensais qu’adopter les comportements qu’avaient les garçons allait me permettre d’être beaucoup mieux intégrée. Mais au final, je ne trouvais pas ma place ni chez les personnes de mon sexe ni chez les personnes du sexe opposé.

Dans mon école primaire de campagne, je jouais au foot. Comme un gars. Je me souviens du jour où la seule fille qui jouait avec moi et les garçons au foot est partie. Je ne savais pas comment le vivre. J’étais devenue le dernier garçon manqué du primaire.

Contrairement à mes espoirs, les garçons ne m’acceptaient pas car j’étais une fille de naissance et les filles n’aimaient pas mon air de garçon. La raison pour laquelle je ne voulais pas être une fille était que je pensais que ces dernières n’avaient pour occupations que le maquillage, les poupées et le rose.

Cette opinion était en grande partie due à mon environnement. Je ne parle pas de ma maison mais de la société. Je parle du rayon enfant au Auchan du coin. Je parle des jouets différenciés selon le sexe. Je parle des enfants qui définissent leurs goûts en fonction de ce que l’on leur a imposé plus jeunes, de ce que la société leur à dit de faire. Bien sûr, cela ne dure par éternellement et en grandissant nous apprenons à nous détacher de ce que l’on nous a inculqué, mais cela continue de nous influencer fortement.
Je me refusais à aimer ce que je considérais comme trop efféminé

Quand je suis arrivée au collège, j’ai tenté de me faire accepter. Je ne m’habillais plus de manière masculine. J’avais des tee-shirts moulants qui faisaient ressortir ma poitrine naissante. Mais assez vite, les garçons ont commencé à la toucher et les filles m’accusaient de mettre des chaussettes dans mes soutiens-gorge. J’ai donc renié mon corps de femme et j’ai décidé de porter uniquement des habits masculins, des sweats à capuche amples achetés au rayon homme. Mes interactions avec les adolescentes étaient limitées, je ne discutais qu’avec les adolescents, enfin ceux qui voulaient bien de moi. Je me reniais, je me refusais à aimer ce que je considérais comme trop efféminé : romans à l’eau de rose, la couleur rose, certains chanteurs pour filles…

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