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Quand l’Hôpital retient son souffle : Faire entrer la vie dans le cadre, tourner en immersion

Quand l’Hôpital retient son souffle : Faire entrer la vie dans le cadre, tourner en immersion

Comparer ici documentaire et reportage traitant de la Covid 19
montre la richesse des informations délivrées au-delà des mots par la forme documentaire, mettant plus largement en évidence les différences entre documentaire et reportage.

Quand l’hôpital retient son souffle est le tout premier documentaire sur la Covid 19, alors que le SARSCoV-2 et la pandémie ne sont encore traités que par des chiffres et des annonces anxiogènes dans les JT. Rien n’est encore stabilisé. La transmission du virus est galopante. Des informations y compris scientifiques sont données au fur et à mesure ; le danger, omniprésent, est d’autant plus angoissant
qu’il est abstrait.
Proposer un documentaire sur ce sujet dès mars 2020, introduit une vision concrète, incarnée qui a apporté paradoxalement à certains un soulagement (l’ennemi identifié est moins angoissant que l’inconnu).

Pour illustrer ces propos :

À propos de la différence entre reportage et documentaire : Rôle et importance comparés des dialogues et de la voix-off dans deux extraits visuels de même durée issus de Quand l’hôpital retient son souffle d’une part, de Covid 19 : Immersion à l’hôpital de Valenciennes, reportage diffusé dans le JT de France 2 de l’autre.

" Outre les différences en tous points entre documentaire et reportage, à commencer par le statut de leur auteur, réalisateur pour le premier, journaliste pour le second dont rendent compte les déclarations issues du Livret TÉLÉMAQUES Quand l’hôpital retient son souffle, durée du tournage, importance de l’implication de chacun, des financements, des choix de réalisation, la fonction du discours trace une ligne irréductible de partage entre les deux. La comparaison des lignes verbales
issues d’une part de Quand l’hôpital retient son souffle, d’autre part d’un reportage à l’hôpital de Valenciennes diffusé dans le JT, montre l’étroite imbrication et à même niveau de sens, des mots des images et des sons pour le premier, et à l’opposé la prégnance des déclarations verbales pour le second, l‘image ne venant qu’en illustration de ces dernières. Ainsi chacun mobilise la perception de
façon très différente. On remarque également la plus grande netteté des propos et la place éminente de la voix off dans le reportage."

" L’idée c’était d’abord d’incarner cette crise, de la rendre narrative, d’être en immersion. Et être en immersion ça voulait dire deux choses pour moi, le temps long et avoir un process de tournage qui permette de voir les choses. Parce que c’était la panique à ce moment-là ; on était en plein pic, on entendait partout que c’était l’horreur totale, une véritable médecine de guerre, on pouvait tomber malade et y rester. Donc il fallait une bonne caméra et une optique, des objectifs, qui permettent d’aller chercher les détails tout en étant en distance, le tout en travaillant essentiellement sur pied. Il y avait aussi la volonté de travailler avec un ingénieur du son. L’idée c’était de faire des tableaux et faire entrer la vie dans le cadre"
Olivier Taïeb, le réalisateur

" Ils voient le temps que l’on passe, l’effort que l’on déploie, à porter un pied AS18 pendant 4 semaines, avec la caméra, les montées, les descentes, aller chercher les cartes, décharger les cartes, recharger les batteries, être là 18 heures d’affilées, de 18h jusqu’à 11h du matin, aller fumer la cigarette à 4h du matin avec les infirmières et les infirmiers, etc. Ils nous intègrent et on fait partie un peu d’eux, de leur quotidien et de leur sort. Ils ont apprécié ça, parce qu’ils n’avaient jamais vu
une équipe rester autant et avoir un tel niveau de proximité. Ils me l’ont dit, ils étaient touchés que l’on soit là, durant cette crise, avec les risques que cela comporte."
Olivier Taïeb, le réalisateur

" Moi je misais beaucoup sur la parole parce que c’était très important de savoir où on est, ce qu’on fait, pourquoi on est là, pourquoi on suit ces gens. L’image ne suffit pas, il faut mettre un dilemme, il faut raconter une histoire, on n’est pas dans un reportage. Il faut donner de l’attention, de l’émotion, de la joie, il fallait créer tout ça en fait. Donc on en a discuté, et on a choisi les séquences qu’on avait envie d’approfondir et celles qu’on allait mettre de côté pour l’instant. "
Caroline Detournay, la monteuse

" Ce que j’aimais également beaucoup chez Olivier, c’est qu’il restait des heures à regarder chaque mouvement d’une infirmière ou d’une aide-soignante, donc j’avais une possibilité incroyable au montage, et ça c’était passionnant. J’avais l’impression de voir une couturière. Il a un rapport avec le faire qui était très impressionnant dans les rushes. Après il faut essayer de transcender ça, d’en faire quelque chose de plus poétique, et pas purement mécanique en fait … "
Caroline Detournay, la monteuse

" On en avait longtemps discuté entre nous, dit, voix off ou pas voix off. On a construit tout le film sans, en se disant que si c’était absolument indispensable, on le ferait. Finalement il est apparu qu’on en avait un petit peu besoin, pour qu’on dise où on était, et ce qu’on faisait, mais avec l’idée qu’ensuite on n’en mettrait plus. C’est pour ça qu’elle est assez limitée puisque c’est trois phrases. "
Isabelle Wekstein, la réalisatrice

 Autres exemples de reportages sur la Covid19 :
Reportage Hôpital d’Antony BFM

Reportage Hôpital Cochin CNEWS

 Filmer l’hôpital dans une fiction :
Générique de la série Urgences

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