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D, E et F

D

SALVADOR DALI : peintre espagnol surréaliste, 1904-1989.
« ... J’ai pourtant en tout cela moins de mérite qu’on pourrait le croire, car l’une des principales raisons de ma réussite est encore plus simple que celle de ma magie multiforme. C’est que je suis sans doute l’artiste le plus acharné au travail de notre temps. »

« Tous mes efforts, chaque jour, et depuis toujours, visent à une seule chose : réussir à être Dali. »

« L’unique différence entre un fou et moi, c’est que moi je ne suis pas fou. »

« Si tu joues au génie, tu le deviens. »

« Que notre feu interne soit au maximum afin qu’il chauffe les règles à blanc et les modifie ! Que notre réalité intérieure soit si forte qu’elle corrige la réalité extérieure ! Et que nos passions soient dévorantes, mais que nous ayons un appétit de vivre encore plus grand, afin de les dévorer. »

« Il y a moins de folie dans ma méthode que de méthode dans ma folie. »

« L’unique chose dont le monde n’aura jamais assez, c’est l’exagération. »

« Ne craignez pas la perfection. Vous n’y parviendrez jamais. »

« Ne t’occupes pas d’être moderne. C’est l’unique chose que malheureusement, quoi que tu fasses, tu ne pourras pas éviter d’être. »

« Le fait que je ne comprenne pas moi-même le sens de mes peintures au moment où je les peins ne veut pas dire qu’elles n’en ont pas. »

« Le peintre, ce n’est pas celui qui est inspiré, mais celui qui est capable d’inspirer les autres. »

« On me dit que les couleurs de Matisse sont complémentaires, je répondrai qu’en effet elles ne cessent de se faire autre chose que des compliments. »

« Est-ce que je blague sérieusement ? Est-ce que je dis des vérités extraordinaires ? Est-ce que les blagues se transforment en vérités, est-ce que les vérités ne sont que d’affreux enfantillages ? Je suis dans cette constante interrogation : je ne sais quand je commence à simuler ou quand je dis la vérité. »

« La beauté n’est que la somme de conscience de nos perversions. »

« La répugnance est la sentinelle qui est tout près de la porte des choses qu’on désire le plus. »

« Mon objectif ? Systématiser la confusion et contribuer au total discrédit du monde réel. »

« Avoir un univers à soi est bien mieux que d’être propriétaire d’une voiture. »

« Ma philosophie est celle de l’homme qui travaille et qui joues à la fois, c’est-à-dire qui pense et qui agit, dont la vie tout entière n’est que l’élaboration de sa pensée et dont la pensée tout entière est constamment exprimée par le jeu. »

« Mes travaux les plus fous se situent dans la tradition réaliste espagnole car je suis espagnol, ce à quoi je ne peux échapper. »

« Le clown, ce n’est pas moi, mais cette société monstrueusement cynique et si naïvement inconsciente qui joue au jeu du sérieux pour mieux cacher sa folie. »

« L’aveuglement des humains à faire et à refaire toujours les mêmes choses me stupéfie. De même que je m’étonne qu’un employé de banque ne mange pas un chèque, je m’étonne qu’avant moi jamais un peintre n’ait pensé à peindre une montre molle... »

« Je ne peux pas comprendre que l’homme soit si incapable de fantaisie, que les conducteurs d’autobus n’aient pas, de temps à autre, envie de défoncer la vitrine du Prisunic pour attraper au vol quelques cadeaux destinés à leur famille. »

« L’art est une machine de guerre au service du désir en sa lutte contre la suprématie du principe de réalité. »

« Les erreurs ont presque toujours un caractère sacré. N’essaye jamais de les corriger. Au contraire, rationalise-les, comprends-les intégralement. Après quoi, il te sera possible de les sublimer. (...) »

« Chacun de nous a sa gare de Perpignan. »

« L’âme est un état du paysage, contrairement à l’idée romantique que le paysage est un état de l’âme. »

« Quel délice de faire craquer sous ses dents le crâne de s petits oiseaux§ Peut-on manger autrement des cervelles ? »

« Est-il exact que vous venez de peindre un portrait de votre femme avec deux côtelettes grillées se balançant sur son épaule ?
_ Oui, c’est exact, mais les côtelettes ne sont pas grillées. Elles sont crues ?
_ Pourquoi ?
_ Parce que Gala aussi est crue.
_ Et pourquoi les côtelettes avec votre femme ?
_ J’aime les côtelettes et j’aime ma femme, je ne vois aucune raison de ne pas les peindre ensemble. »

« Un éditeur m’avait demandé de faire un livre sur la technique en peinture. Je l’ai écrit. En le relisant, j’ai appris à peindre. »

« Le style français est depuis toujours ruiné par la préoccupation des français pour le bon goût. Les français ont besoin de quelqu’un pour les débarrasser de leur sens convulsif de la modération. »

« Nous avons tous faim et soif d’images concrètes. L’art abstrait nous aura servi à cela : rendre sa virginité exacte à l’art figuratif. »

« Les femmes n’ont aucun talent. Le talent est une chose exclusivement masculine. Le talent, la puissance créatrice se situent dans les testicules. Sans eux, on ne peut pas créer. La création, pour les femmes, c’est la procréation ; elles font des enfants, mais elles ne pourront jamais peindre le plafond de la chapelle Sixtine ! »

« Les médiocres peintres abstraits ne peignent que le microcosmos. Vous verrez dans le premier magazine scientifique venu la photographie de chromosomes, la trajectoire d’un proton ou la collision d’une particule et d’une antiparticule _ tout cela ressemble étrangement au travail des peintres abstrait. Le vrai peintre doit, lui, peindre le macrocosmos : une bouche, un visage, un nez... Le peintre le plus fascinant sera celui qui un jour peindra le macrocosmos avec, derrière lui, l’expérience du microcosmos. »

« Les peintres intelligents sont ceux qui sont capables d’intégrer dans une forme classique les expériences les plus sauvages, les plus désordonnées et les plus chaotiques de leur temps. J’ai fait toutes sortes d’expériences. J’ai même peint avec un pistolet. J’ai fait exploser une grenade à main sur mes œuvres afin d’en observer les conséquences. Certaines de ces expériences sont plus intéressantes que les tableaux qui en ont résulté. Mais ma seule et unique ambition a toujours été d’incorporer et de sublimer mes expériences dans la grande tradition classique. »

« Aujourd’hui, les jeunes peintres modernes ne croient à rien. Il est tout à fait normal que quand on ne croit à rien, on finisse par ne peindre à peu près rien. »

« Dans mon cas, je dois vous avouer avec franchise que la peinture m’aime plus que moi je ne l’aime ; elle m’en veut souvent car, chaque fois que je la délaisse un peu pour écrire, je la sens languir et cela même quand, comme je le fais en ce moment, je ne parle que d’elle. Je sais qu’elle m’accable d’amers reproches car la peinture, elle, ne se contente pas de paroles que le vent emporte. Elle veut, mon cher, que vous la possédiez au moins trois fois par jour et il ne se passe pas une nuit où elle ne manque de se glisser dans votre lit. »

« Quand vous peignez, pensez toujours à autre chose. »

« Peintre, peins ! »

« Peintre, tu n’es pas un orateur ! Peins donc et tais-toi ! »

« Se poser la question du goût, c’est déjà l’impuissance. »

« Si vous comprenez votre peinture par avance, vous pourriez tout aussi bien ne pas la peindre. »

« La forme est toujours le produit d’un processus impitoyable et inquisitorial auquel la matière est soumise. »

« La beauté sera comestible ou ne sera pas. »

« Pour qu’un film paraisse prodigieux à ses spectateurs, le premier point indispensables est que ces derniers puissent croire aux prodiges qu’on leur dévoile. Le seul moyen, c’est d’en finir, avant toute chose, avec le répugnant rythme cinématographique actuel, cette conventionnelle et ennuyeuse rhétorique du mouvement de la caméra. Comment peut-on même une seconde croire au plus banal des mélodrames, quand la caméra suit l’assassin partout en travelling, jusque dans les toilettes où il va laver le sang qui tache ses mains ? C’est pourquoi Salvador Dali, avant même de commencer son film, prendra soin d’immobiliser, de clouer sa caméra au sol avec des clous comme Jésus-Christ sur la croix. Tant pis si l’action sort du cadre visuel ! Le public attendra angoissé, exaspéré, anxieux, haletant, piétinant, extasié, ou mieux encore, s’ennuyant, que l’action revienne dans le champ de l’appareil de prise de vues. A moins que des images très belles et tout à fait en dehors de l’action, viennent le distraire en défilant sous l’œil immobile,ligoté, hyperstatique de la caméra dalinienne enfin rendue à son véritable objet, esclave de ma prodigieuse imagination. »

« Un jour, je vidai entièrement l’intérieur d’un croûton de pain et y logeai un petit bouddha que je recouvris entièrement de puces mortes. Puis je fermai l’ouverture du croûton avec un morceau de bois, cimentai le tout et écrivis dessus : Confiture de cheval. Qu’est-ce que cela veut dire ? »

« Le squelette est la chose la plus importante chez l’homme, car c’est la structure qui compte, et c’est elle qui reste après la mort. »
- toutes citations précédentes extraites Dali Pensées et anecdotes, aux éditions du Cherche midi, 1995.

« Le poète doit, le premier, prouver ce qu’il dit. » in Métamorphose de narcisse.

SERGE DANEY : 1944-1992, critique cinématographique français
« Toute forme est un visage qui nous regarde. »

EDGAR DEGAS : 1834-1917, peintre, graveur, sculpteur et photographe français .
« C’est dans le commun que se trouve la grâce. »

« J’ai peut-être trop considéré la femme comme un animal. »

« Je voudrais être illustre et inconnu. »

EUGENE DELACROIX : 1798-1863, peintre français.
« La couleur libre, c’est la libre manifestation de ses impressions personnelles. »

« L’exactitude n’est pas la vérité. » (cité par Henri Matisse, in Ecrits et Propos sur l’art).

« Le but de l’artiste n’est pas de reproduire exactement les objets, il serait arrêté aussitôt par l’impossibilité de le faire. Il y a des effets très communs qui échappent entièrement à la peinture et qui ne peuvent se traduire que par des équivalents. C’est à l’esprit qu’il faut arriver, et les équivalents suffisent pour cela. »

« Le plus beau triomphe de l’écrivain est de faire penser ceux qui peuvent penser. » (in Ecrits).

« Tout est sujet. »

« La nature n’est qu’un dictionnaire. »

« L’imagination chez l’artiste ne se représente pas seulement par tels ou tels objets, elle les combine pour la fin qu’il veut obtenir ; elle fait des tableaux, des images, qu’il compose à son gré. Où est donc l’expérience acquise qui peut donner cette faculté de composition ? » (journal, 1857)

« Je n’ai commencé à faire quelque chose de passable, dans mon voyage en Afrique, qu’au moment où j’avais assez oublié les petits détails pour ne me rappeler que le côté frappant et poétique ; jusque là j’étais poursuivi par l’amour de l’exactitude, que le plus grand nombre prend pour la vérité . »

« Malheur à celui qui ne voit qu’une idée précise dans un beau tableau, et malheur au tableau qui ne montre rien au-delà du fini à un homme doué d’imagination. Le mérite du tableau est l’indéfinissable : c’est justement ce qui échappe à la précision... »

ERRI DE LUCA : ouvrier, écrivain, poète et traducteur italien, né en 1950
« Je n’arrivais pas à bien parler. Alors que mon esprit décidait de la première lettre, ma bouche se pressait d’émettre la dernière. J’étais bègue par hâte de conclure. En contrepartie, je savais trouver le point d’équilibre des objets. « En contrepartie » : j’utilise cette expression parce que je crois que l’habileté a un lien de réciprocité avec la maladresse. »
in Pas ici, pas maintenant, Folio éd. Gallimard, p.11.

« C’est possible, car le possible est la limite mouvante de ce qu’on est disposé à admettre. »
in Pas ici, pas maintenant, Folio éd. Gallimard, p.25.

"Sur les photos du début du XXème siècle, les visages ne sourient pas. Ils sont comme rengorgés et aussi effrayés qu’on prenne leur portrait. Quand apparaissent les sourires sur les photos ? Quand devient-on des sujet désinvoltes ?"
in Impossible, Folio, éd Gallimard, p.126

GILLES DELEUZE : 1925-1995, philosophe français.

« On n’écoute pas assez ce que disent les peintres. »

« La peinture moderne est envahie, assiégée par les photos et les clichés qui s’installent déjà sur la toile avant même que le peintre ait commencé son travail. En effet, ce serait une erreur de croire que le peintre travaille sur une surface blanche et vierge. »
in Logique de la sensation à propos de la peinture de Francis Bacon.

« On parlera d’haptique… chaque fois que la vue elle-même découvrira en soi une fonction de toucher qui lui est propre et qui n’appartient qu’à elle. »
in Logique de la sensation à propos de la peinture de Francis Bacon.

" Constituer son territoire, c’est presque la naissance de l’Art."
in Abécédaire

WALTER DE MARIA : artiste amréicain, apparenté au Land art, né en 1935.
« Le lieu naturel n’est pas un lieu pour l’œuvre mais une partie de l’œuvre. »

« L’artiste qui travaille avec la terre travaille avec le temps. »

MAURICE DENIS : 1870-1943, décorateur, graveur, théoricien et historien de l’art, peintre français qui fit partie du mouvement Nabi
« Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » (1890).

RAYMOND DEPARDON : photographe, réalisateur, scénariste et journaliste français, né en 1942.
« Un photographe n’existe pas s’il n’a pas d’obsessions. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.26.

« Dans un voyage, on évolue, on change, on se transforme. Et souvent, on rentre et tout est annulé par le retour. Il faut essayer de garder des traces. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.40.

« La photographie n’a pas à être rassurante. Elle a une matière, elle a son existence propre, elle a ses fonctions, elle a son langage. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p46.

« L’errance m’a permis de photographier des temps faibles. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.50.

« Il faut laisser l’image nous échapper, nous dominer presque, mais dans certaines conditions et certaines limites. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.54.

« Je pense que le sujet est un obstacle à la création photographique, comme il l’est à la création cinématographique. C’est la forme, c’est l’esthétique, c’est la force du regard. C’est de ça qu’on se souvient. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.64.

« Je pense que l’errant voit bien les choses. Il n’a pas perdu la raison, il est dans une autre raison. L’errant est très conscient, il voit très bien les paysages, les rainures sur les routes, les bornes, la nature. Il ne regarde peut-être que certaines choses, c’est ce que j’ai dû faire. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.66.

« Est-ce une fuite ? Est-ce au contraire l’accomplissement de toute ma vie, de ma carrière, de ma photo, de mon cinéma, de tout ? J’aurai toujours cette quête, la quête d’une meilleure lumière, de quelque chose plus loin qui sera peut-être mieux, etc. C’est le propre du photographe, je crois : cette curiosité conduit à une insatisfaction.
C’est un point commun d’ailleurs entre le photographe et le paysan. On n’est jamais vraiment content parce qu’on travaille avec le réel. Mes parents, quand il faisait beau, étaient inquiets parce qu’ils savaient que la soleil était nécessaire. Comme mon père était un éleveur, il avait aussi cette inquiétude qu’on les éleveurs. Et les photographes sont comme ça.
Le réel est tellement éphémère, c’est quelque chose qui ne peut jamais nous rassurer. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.68.

« J’ai besoin du réel parce que je pense que c’est une forme qui m’oblige, qui me confronte, qui me dérange, qui m’emporte, qui me dérive, qui me kidnappe peut-être et qui change un peu les idées préconçues que je peux avoir, que je peux me fabriquer en tant qu’individu. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.68.

« Je pense que le propre d’un photographe, c’est de trahir le réel. Il faut simplement maîtriser cette trahison et il faut qu’elle soit en cohérence avec soi-même. Je pense que je trahis certaines choses. Mais j’essaie de ne pas me trahir moi-même. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.70.

« Le seul point en commun, c’est mon passage. A la différence par exemple de la règle du jeu que je m’étais donné avec Afriques : comment ça va avec la douleur ?, où j’étais parti du Cap et j’étais remonté tout doucement avec pour fil directeur le thème de la douleur, chose difficile, ingrate et à la fois qui m’intéresse. Ce mot douleur qui avait un sens pour moi n’en avait pas pour d’autres ; c’était quelque chose de très subjectif. J’avais constaté que le mot douleur était utilisé en France uniquement dans le sens de la grande douleur, celle de la résistance, celle des camps de concentration, celle de Marguerite Duras avec son livre La douleur. J’avais pu remarquer personnellement, à travers mon enfance rurale, que le mot douleur s’utilisait pour plein de petites choses : j’ai des douleurs au dos, j’ai des rhumatismes. On s’en servait d’une manière plus douce, plus tendre, tous les jours. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.74.

« Cette recherche du mot juste, comme aussi la recherche de l’image juste _ non pas comme dirait Godard juste une image, non c’est l’image juste _, c’est quelque chose qui me correspond, qui est bien à moi. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.76.

« Je me suis toujours posé la question : est-ce que quand je suis amoureux, je fais de bonnes photos ou je fais de mauvaises photos ? Est-ce qu’il faut que je sois amoureux pour faire de bonnes photos ? Est-ce qu’il faut que je sois amoureux pour faire un bon film ? » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.82.

« C’est Deleuze qui parle de la résistance : pour qu’il y ait de la création, il faut qu’il y ait de la résistance. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.88.

« Il faut faire très attention à ses sensations personnelles, elles n’ont rien à voir avec l’expression photographique. Elles sont totalement différentes, un peu comme le discours amoureux. Ce n’est pas toi qui commandes, c’est l’autre. La photographie, c’est pareil, ce n’est pas toi qui commandes, c’est l’autre, c’est le sujet, c’est la lumière, c’est le moment, c’est le réel qui commande. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.90.

« Le fond est très important dans la photo, il est primordial. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.92.

« J’ai aimé regarder, errer, fermer les yeux, flagrant délit de voyeurisme, le photographe est voyeur. Je suis voyeur. Celui qui regarde devient voyeur. Regarder les choses qu’on ne veut pas regarder. J’ai aimé regarder, j’ai peur de regarder. Dix ans après elle est là, la déambulation du photographe, dans les couloirs de l’asile. Il cherche, avance, recule, jamais satisfait, victime ou agresseur, c’est peut-être à soi-même que la violence est la plus forte. Insoutenable pour nous, regard, le photographe regarde, démystification du héros, de l’artiste, de l’auteur, qui avant tout prend aux autres, hasard plus travail. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.94.

« Je vois l’errance comme un couloir, matériellement, physiquement. C’est pour cela que les images en largeur n’ont pas la force de l’errance, on tombe dans autre chose ; elles sont trop proches du journalisme, trop proches du tableau, trop proches de l’icône ou trop proches de la fenêtre. Je pense que mon travail a en même temps un côté mirror et un côté window. S’il y a un côté window, c’est un couloir. Et si c’est un côté mirror, il réside dans le fait d’indiquer ma place. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.96.

« Cette notion de Mirror et Window, développé dans les années soixante par John Szarkowski, recouvre l’idée selon laquelle le photographe soit se photographie lui- même, soit photographie les autres. Cette théorie est à la base même de la photographie, puisqu’elle contient tout le problème du cadre. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.98.

« … alternative entre la caméra observante et la caméra participante. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.100.

« Le cadre, c’est le champ. C’est-à-dire que c’est le contraire du hors champ. A travers le cadre, on sélectionne. On a un parti pris, on coupe, on ne montre pas, on sélectionne, on tue, on mord, on enferme une image, on donne à voir quelque chose et pas le reste. Personnellement, j’aime beaucoup le cadre, je trouve que c’est l’élégance de l’image. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.102.

« La photographie a quelque chose d’une lutte contre la mort. On a du mal à vivre dans le présent, on fonce sur l’avenir et on ne parle que du passé. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.106.

« Les photographes sont dans l’insatisfaction. Même si on fait 500 photos dans une journée, ça ne représente que 500 fois 1/125e de seconde par exemple, et ça ne fera peut-être au total que 2 secondes. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.108

« Quelqu’un qui fait des images ne peut pas être rassurant. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.116.

« Dans la photographie, il y a confrontation avec l’autre, avec les autres. Je dis : « Voilà qui je suis. » c’est peut-être pour mieux regarder les autres, pouvoir bien les regarder, avoir une légitimité pour les regarder. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.118.

« Je suis exigeant avec moi-même, je suis exigeant avec mes photos, je suis exigeant en sentiments. Ce que je veux c’est toujours ce difficile combat entre l’unité et l’image. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.120.

« Dans le désert, il n’y a parfois rien à photographier, et cela est pour moi d’une grande modernité. Le désert est une fantastique leçon de modernité. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.130.

« Je ne cherche pas à être un témoin. Cela ne m’intéresse plus. Je cherche à être acteur, acteur dans l’errance. Je cherche à donner une voix, à expliquer qu’il y a derrière chaque image un photographe, un individu. J’ai vécu l’errance. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.134.

« L’idée forte de l’errance, c’est qu’on ne prend rien à personne. On ne s’accapare pas un lieu. L’errant est quelqu’un qui passe… » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.136.

« L’errant est quelqu’un qui partage, qui vient d’ailleurs, qui ne reste pas longtemps, et qui ne tient pas à coloniser. C’est l’anti-colonisateur. C’est quelqu’un qui a cette idée de partage, même s’il est dans sa propre pensée dans sa propre quête. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.136.

« Je suis passéiste d’une certaine manière. Et la photographie me sort de ce passéisme, m’oblige à regarder les jeunes, à me confronter au regard des jeunes, à me confronter avec ma vie. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.142.

« J’ai souvent revendiqué d’ailleurs ce qu’on appelle le premier regard, qui a sa force, sa puissance, qui est inimitable… Mais je pense aussi qu’il est nécessaire qu’une expérience soit menée, vécue à fond, et un long séjour est quelque chose d’incroyablement fort. On rencontre un autre type d’ennui, un autre type de dépression ou de mélancolie, nécessaire ou pas à l’image. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.150.

« L’homme d’images est habité par le doute et rien ne vient le rassurer. Le champ d’investigation est très large, c’est sans fin. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.150.

« J’ai demandé un jour à Nelson Mandela, quand je l’ai rencontré, de faire une minute de silence. Il ne me connaissait pas, il ne savait pas ce que j’allais faire et je lui ai demandé une minute de silence. Il a dit oui. Et cette minute, il l’a complètement maîtrisée. Je n’avais pas de chronomètre et lui non plus. Il était dans son bureau et il a géré la minute, comme s’il avait un chronomètre dans la tête. Ses vingt-sept ans de prison y sont pour quelque chose, il connaît le temps, il a la valeur du temps. C’était un peu osé de ma part de lui redemander une minute de prison, une minute de silence, une minute de son passé, une minute de douleur, une réminiscence de sa terrible expérience. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.166.

« La photographie a parfois cette force de résumer ou de donner à voir un certain nombre de choses qui sont secrètes, qui le restent et qui doivent le rester. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.177.

« Il y a beaucoup d’endroits où je voudrais retourner et confronter mon regard avec lui-même. » in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.179.

« Il ne faut pas attendre la fin de sa vie pour regarder ses photos. Il faut le faire tout de suite, à chaud. Pour mieux repartir, pour mieux se connaître. Et puis se faire plaisir. »
in Errance éditions Points/Seuil, 2003, p.182.

ERIK DIETMAN : 1937-2002, sculpteur d’origine suédoise
« L’artiste, c’est un pilote d’essai, tu vois. Alors parfois ça crachote, ça tousse, on se casse la gueule, mais l’important, c’est qu’on fabrique des engins que les autres utiliseront plus tard. »
conversation avec Nicolas Bourriaud, in Beaux arts mag. P43.

CHRISTIAN DOTREMONT : 1922-1979, peintre et poète belge.
« La tache est le cri de la main de l’artiste. »

« Et je ne vais dans les Musées que pour enlever les muselières. »

STAN DOUGLAS : vidéaste canadien, né en 1960.
« Une des choses les plus importantes que j’ai apprise des différents artistes conceptuels des années 70, et c’est quelque chose qu’il avaient tous en commun, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’utiliser du matériel d’art pour faire de l’art. »

JEAN DUBUFFET : 1901-1985, théoricien de l’art, peintre et sculpteur français, inventeur de la notion d’Art Brut.
« L’art est un grand enchantement pour l’homme. Le besoin d’art est pour l’homme un besoin tout à fait primordial, autant et plus peut-être que le besoin de pain. Sans pain, l’homme meurt de faim, mais sans art, il meurt d’ennui. »

« Un art sage : quelle sotte idée ! L’art n’est fait que d’ivresse et de folie ! »

« Tout le monde est peintre. Peindre, c’est comme parler ou marcher. C’est à l’être humain aussi naturel de crayonner, sur n’importe quelle surface qui s’offre à sa main, de barbouiller quelques images, que ce l’est de parler. »

« Les musées ne sont pas autre chose, si l’on veut bien y penser, que les temples où l’on célèbre le culte de la Joconde, de Raphaël, des Glaneuses et du Radeau de la Méduse. On y va comme au cimetière, le dimanche après-midi en famille, sur la pointe des pieds, en parlant à voix basse. »

« Je porte, quant à moi, haute estime aux valeurs de la sauvagerie : instinct, passion, caprice, violence, délire. »

« La peinture est langage beaucoup plus spontané et beaucoup plus direct que celui des mots : plus proche du cri ou de la danse. C’est pourquoi la peinture est un moyen d’expression de nos voix intérieures tellement plus efficace que celui des mots. »

« L’art ne doit pas se faire annoncer ; il doit surgir où on ne l’attend pas, par surprise, faute de quoi son efficacité est considérablement affaiblie. »

« L’artiste est attelé au hasard mais pas n’importe quel hasard, celui qui est propre à la nature du matériau employé. Ce n’est pas une danse à danser seul, mais à deux, le hasard est de la partie. » (1972)

« La pensée de l’homme se transporte, elle prend corps. Elle se fait sable, huile. Elle se fait spatule, grattoir. Elle devient la pensée de l’huile ou du grattoir. »

« Il n’y a pas de couleurs à proprement parler mais des matières colorées. La même poudre d’outremer prendra une infinité d’aspects différents selon qu’elle sera appliquée sur du plâtre, sur du bois, sur du carton ou sur une toile (et naturellement suivant quelle toile et sa préparation. »

« Le noir est une abstraction ; il n’y a pas de noir ; il y a des matières noires, mais diversement, car il y a des questions d’éclats, mat ou luisant, de poli, de rugueux, de fin, etc. »

« Le vrai art, il est toujours là où on ne l’attend pas. Là où personne ne pense à lui ni ne prononce son nom. L’art est un personnage épris d’incognito. »

« Je veux la peinture pleine d’odeurs de tout cela (le monde) _ donc des décors, des badigeons, des enseignes et des pancartes, et des tracés du talon sur la terre. Ce sont ses terroirs d’origine. »

« La manière dont une couleur est appliquée importe plus que le choix même de cette couleur. »

« Chaque matériau a son langage, est un langage. Il ne s’agit pas de lui adjoindre un langage ou bien de lui faire servir un langage. »

« Duetto entre l’artiste et le matériau. Chacun doit parler bien librement et franchement et apparemment son propre langage. Il faut laisser se produire et apparaître tous les hasards propres au matériau employé : l’huile qui veut couler, le pinceau insuffisamment chargé de couleur et qui ne laisse qu’une trace imprécise, le trait qui tombe à côté du lieu exact où l’artiste voulait tracer, le trait qui tremble ou bien qui, au lieu d’être vertical, se couche dans le sens de l’écriture, le trait qui commence lourdement et s’affaiblit ensuite parce que le pinceau se décharge de sa couleur, etc. Empêcher tous ces hasards de se produire ôterait à l’œuvre toute vitalité. »

« La main parle : se nourrir des inscriptions, des tracés instinctifs. Respecter les impulsions, les spontanéités ancestrales de la main humaine quand elle trace ses signes. »

« Tout hanté de glissements, d’éclairs dans l’eau vive, combien passionnant serait l’ouvrage de la truite, si les truites peignaient. Celui du serpent _ si les serpents nous livraient leurs ouvrages _ obsédé de pierre brûlante. »

« Un ton posé à plat comme on peint une porte n’est évidemment pas attrayant dans un tableau. Toute surface demande à être diversifiée et c’est bien en effet à quoi s’appliquent justement les peintres. »

« Plus les couleurs employées proviendront de mélanges simples, plus elles seront dans leur choix même exemptes de recherche et plus il y aura effet de miracle. C’est en cela que les peintures populaires, celles des baraques foraines en particulier, sont si savoureuses. »

« Un animal avec des pattes qui ont l’air de pieds de chaises ! On rit ! Il y a de par le monde beaucoup d’objets qui se ressemblent et s’évoquent. Ce qu’il faut souligner, c’est, non pas les différences et particularités, mais au contraire : les ressemblances. Si on veut faire œuvre humaniste _ et naturellement on le veut _ il faut y faire souffler ce vent d’unité et de continuité qui souffle dans le monde de l’homme... Car de la rose à la graminée à la terre ou à la pierre, il y a une continuité, quelque chose de commun qui est l’existence, la substance, l’appartenance au monde de l’homme, lequel forme un grand bouillon continu qui a tout au long le même goût (goût de l’homme). »

« Le tableau ne sera pas regardé passivement, embrassé simultanément d’un regard instantané par son usager, mais bien revécu dans son élaboration, refait par la pensée et si j’ose dire re-agi… Toute une mécanique interne doit se mettre en marche chez le regardeur, il gratte où le peintre a gratté, frotte, creuse, mastique, appuie, où le peintre l’a fait. Tous les gestes faits par le peintre il les sent se reproduire en lui. »

« Déformations plus motivées : aux déformations mécaniques de la perspectives linéaire classique _ la table en trapèze, l’assiette ovale _ je préfère des déformations procédant d’intentions expressives, où l’ingéniosité, l’invention, le caprice jouent comme il se doit. »

« L’art est un jeu _ le jeu de l’esprit. Le jeu majeur de l’homme. Un enfant regarde un instant une boule de chiffon _ une pensée le traverse ; cet objet est un Peau-Rouge. Il décide de croire que cette poupée de chiffon est un Peau-Rouge. D’en avoir peur comme on a peur des Peaux-Rouges. Il en a peur en effet. Il sait bien que c’est aussi seulement un chiffon noué : il entre à l’origine une bonne part d’humour dans ce mécanisme qui le conduit à décider que cette poupée sera un peau-Rouge ; il sait qu’ayant décidé d’y croire, il va tout à l’heure y croire en effet ; il sait bien que c’est ainsi que fonctionne l’esprit ; c’est justement l’essai et la vérification de ce processus mental qui l’émerveillent ; il joue à faire aller son esprit comme les bébés à faire marcher leurs petits pieds. Moi aussi. »

« L’art est la plus passionnante orgie à portée de l’homme. »

MARCEL DUCHAMP : 1887-1968, peintre, sculpteur, plasticien et homme de lettre français, naturalisé américain en 1955, inventeur de la notion de Ready-made.
« Ce sont les regardeurs qui font les tableaux. »

« … chaque seconde, chaque respiration est une œuvre qui n’est inscrite nulle part, qui n’est ni visuelle ni cérébrale. »

« Je crois que la peinture meurt, comprenez-vous. Le tableau meurt au bout de quarante ou cinquante ans parce que sa fraîcheur disparaît… Ensuite ça s’appelle l’histoire de l’art. »

« Le danger est toujours de plaire au public le plus immédiat, qui vous entoure, vous accueille, vous consacre enfin et vous confère succès… et le reste. Au contraire, peut-être vous faudra t’il attendre cinquante ou cent ans pour toucher votre vrai public, mais c’est celui-là seul qui m’intéresse. »

« Je crois que l’art est la seule forme d’activité par laquelle l’homme en tant que tel se manifeste comme véritable individu. Par elle seule, il peut dépasser le stade animal parce que l’art est un débouché sur des régions où ne domine ni le temps ni l’espace. »

« Un tableau qui ne choque pas n’en vaut pas la peine. »

« Les happenings ont introduit en art un élément que personne n’y avait mis : c’est l’ennui. Faire une chose pour que les gens s’ennuient en la regardant, je n’y avais jamais pensé ! Et c’est dommage parce que c’est une très belle idée. »

« Je crois beaucoup à l’érotisme parce que c’est vraiment une chose assez générale dans le monde entier, une chose que les gens comprennent. »

« Le plaisir éprouvé à peindre n’est pas une garantie de la qualité du travail. » (cité de mémoire par Henri Cueco, in La petite peinture, 2000).

MARLENE DUMAS : peintre d’origine sud africaine, née en 1953.
« L’art ne montre pas du doigt, il n’est pas au service du bien. »

« Mots et images sont logés à la même enseigne. Il n’y a aucune pureté à protéger. »

« On dessine avant d’écrire. Le doute de l’enfant concernant ce qu’il est en train de faire n’est pas là, dès le début. Pour l’enfant et son dessin, le moment critique surgit quand il écrit son nom pour la première fois. Les lettres luttent pour ne représenter que leur propre forme au lieu de se référer à autre chose. Passé cet instant, écriture et dessin suivront chacun leur propre chemin. Je ne regrette pas l’enfance ou l’innocence perdue. Quoique bien des dessins, certains parmi les plus touchants, aient été exécutés par des enfants, des malades mentaux ou des prisonniers. »

« Pourquoi j’écris (sur l’art). De la place prépondérante accordée au sens et des malentendus. Ce n’est pas par peur d’être mal comprise que j’écris (du moins, plus maintenant). Le sens et le malentendu ne sont pas des termes bien appropriés pour la description de phénomènes visuels. La dé-contextualisation et la re-contextualisation sont parties intégrantes de l’expérience de la création. Même Duchamp évoque la relation qui s’instaure entre l’intentionnel non-exprimé et l’exprimé non-intentionnel. Constatant la disparition du spectateur prétendument passif, nous sommes encombrés de collaborateurs actifs (si ce n’est hyper-actifs) qui se chargent de terminer les œuvres d’art. Et l’on se doit, cela va sans dire, de leur accorder voix au chapitre. Mais il faudrait alors préciser qui dit quoi (et à l’adresse de qui ?). Les critiques ne devraient pas jouer à l’acte manqué à rebours _ en se servant de Freud pour me révéler à moi-même mes propres intentions. L’œuvre d’art n’est pas synonyme d’intention. Il est étrange d’observer que si les gens s’accordent à dire que les œuvres d’art n’offrent pas de réponses, ils semblent cependant certains qu’une bonne œuvre soulève des questions. Pour moi, c’est du pareil au même. Ce que fait l’œuvre d’art, le rôle qu’elle a pu et qu’elle peut encore jouer dans notre société, ne m’apparaît pas très clairement. Le fait d’écrire sur l’art affine les contradictions, les confusions que je peux ressentir à propos de tout cela. »

« J’écris sur l’art parce que je veux me désolidariser du ton de la plupart des écrits sur l’art. Je ne suis ni impressionnée ni déçue par l’ART dans la mesure où je n’ai de toute façon jamais cru en un ART qui soit le Grand Sauveur ; ni n’ai jamais vu d’artistes plus grands que la vie. » 1992

« Les salles d’attentes (devraient avoir la télé). Les modèles attendent
que les artistes leur donne sens.
Les filles attendent (ont l’habitude d’attendre les garçons.
Les patients attendent
les docteurs.

L’ART n’attend personne.
L’ART ne se soucie de personne.
L’ART ne parle que si
on lui adresse la parole.
L’ART n’est langage que métaphoriquement,
pas littéralement.
L’ART ne suit pas les règles du langage.
L’arbitraire et le particulier
résistent aux généralisations
nécessaires
à toute communication logique.
L’ART aime ses ennemis
plus que ses protecteurs.
L’ART aime savoir. Tout.
L’ART n’a jamais été innocent.
L’ART a toujours été transmis.
La vie a toujours été compliquée.
Tout art finit par devenir de L’ART,
ce qui ne résout rien. »
1989

« Le premier acte que j’ai accomplis pour marquer mon entrée dans le monde des adultes fut de me procurer des pilules contraceptives. C’est la première fois que j’ai signé quelque chose sans demander la permission ou l’avis de ma mère. (Je sais bien qu’elle n’aurait pas été d’accord.) Sans la découverte de la pilule, je ne serais sans doute pas artiste aujourd’hui. » 1993

« La peinture est un art lent. Elle ne voyage pas à la vitesse de la lumière. C’est pour ça que les peintres morts brillent avec tant d’éclats. »
1993

« Le plus merveilleux, en art, c’est quand vous réalisez quelque chose qui va à l’encontre de ce que vous pensiez être vos convictions. Et vous savez pourtant que c’est bien cela que vous vouliez. »
1997

E

SERGUEÏ EISENSTEIN : 1898-1948, cinéaste de l’ex uion soviétique
« Toutes les rues principales sont couvertes de peinture blanche éclaboussée sur les murs en briques rouges, et contre ce fond blanc, il y des cercles verts, des carrés rouge-orange, des rectangles bleus. La brosse de Kazimir Malevitch a passé sur ses murs. Les places de la ville sont nos palettes ; c’est le message que ces murs nous transmettent. »

PAUL ELUARD : 1895-1952, poète français, proche du mouvement surréaliste.
« Voir, c’est comprendre, juger, transformer, imaginer, oublier ou s’oublier, être ou disparaître. » in Donner à voir.

« Il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel ; il nous faut tous les mots pour le rendre réel. » in Donner à voir.

« Je n’invente pas les mots. Mais j’invente des objets, des êtres, des évènements et mes sens sont capables de les percevoir. Je me crée des sentiments. J’en souffre ou j’en suis heureux. L’indifférence peut les suivre. J’en ai le souvenir. Il m’arrive de les prévoir. S’il me fallait douter de cette réalité, plus rien ne me serait sûr, ni la vie, ni l’amour, ni la mort. Tout me deviendrait étranger. Ma raison se refuse à nier le témoignage de mes sens. L’objet de mes désirs est toujours réel, sensible. » in Donner à voir.

« Tant qu’il y a des prisons, nous ne sommes pas libres. » in Donner à voir.

MAX ERNST : 1891-1976, peintre et sculpteur d’origine allemande, apparenté au Surréalisme.
« La plus noble conquête du collage, c’est l’irrationnel. »

F

LUCIANO FABRO : 1936-2007, sculpteur et plasticien italien, apparenté à l’Arte Povera
« L’expérience, je ne la fais pas à l’aide du tableau ou de miroirs, grâce à une structure ; l’expérience, je la fais en vivant, en regardant les choses, en prenant possession du réel, il s’agit de se mettre dans un état d’attention. »

« L’œuvre n’est véritablement complète que lorsque la personne en fait réellement partie : l’artiste ou le spectateur sont un morceau de l’objet, une articulation indispensable de ce qui le fait exister en tant qu’objet d’expérience esthétique. »

« Je voudrais résoudre ce besoin qu’a eu l’homme quand peu après qu’il eut trouvé refuge dans la caverne pour échapper aux dangers, il voulut à un certain moment se sentir bien dans cette caverne tout comme il se sentait bien auparavant dans la nature. »

BERNARD FAUCON : photographe français, né en 1950.
« J’ai toujours aimé ce double état : être inventeur de jeux, meneur de jeux, et être en même temps parmi ceux qui jouent. »

« Je voulais être inventeur. Je fabriquais des trucs, des téléphériques, des engins roulants, des cabanes, je faisais de la pâtisserie. »

« Maintenant, je n’ose plus regarder les grands ciels étoilés ! En vieillissant, on perd l’acuité de sa relation au cosmos. J’ai l’impression de ne plus avoir suffisamment de capacité de folie pour pouvoir regarder le ciel. »

« Le noir et blanc me semblent complètement irréel. »

« Je suis un imaginatif du réel. »

« Le péché n’est pas dans l’art. Le seul péché qu’il pourrait y avoir dans l’art, ce serait de truquer l’art. »

« Pas de création sans lyrisme. »

« La mise en scène est la construction d’un piège. »

« La photographie ment, elle déforme tout. Pourtant son opération ne cesse d’attester l’existence. Elle ne ment pas sur le réel. L’image la plus fabriquée, la mise en scène la plus artificielle sont emportées dans un étourdissant réalisme. Sans cette dimension de fascination, je ne serais pas photographe, je serais peintre. »

« (…) le maximum de présence avec le minimum de moyens. Mettre en scène l’absence pour suggérer la plus haute présence. »

« La photographie est facilement obscène. Elle montre trop. Il faut faire attention à cela. »

« Qu’est-ce qu’on photographie ? On choisit un cadre mais ce qu’enferme le cadre, c’est une énigme. »

« Il faut toujours partir de soi-même. »
_toutes citations ci-dessus tirées de BERNARD FAUCON par PIERRE BORHAN, éd. BELFOND/ PARIS AUDIOVISUEL, coll. LES GRANDS PHOTOGRAPHES.

DAN FLAVIN :
« Il suffit de regarder la lumière pour être fasciné sans pouvoir d’ailleurs en saisir les extrémités. »

HENRI FOCILLON :
« L’artiste développe sous nos yeux la technique même de l’esprit, il nous en donne une sorte de moulage que nous pouvons voir et toucher. »

JOAN FONTCUBERTA : artiste, théoricien et enseignant espagnol, né en 1955.
« L’image photographique permet à ce qui est faux pour la perception de devenir vrai quant à sa présence dans le temps. »

« Peut-être cela est-il devenu l’ultime fonction des images techniques : des écrans qui s’interposent entre l’homme et le monde et qui finissent par les éclipser tous les deux. Le démantèlement de cette situation hallucinatoire nous confronte à la possibilité de recommencer à interagir directement avec le monde, de rendre le sens aux choses, de récupérer aventure et curiosité. Le travail artistique recouvre sa voie comme exercice du jeu et de la liberté : c’est la capacité de dépasser les limites du réel et de revenir à un stade premier où il nous est possible de recréer notre relation émotionnelle, esthétique et politique avec le monde. »

« Enfants, on nous racontait beaucoup de mensonges. Quelques uns poétiques, d’autres beaucoup moins. Et devenus adultes, on continue à nous en raconter. Si nous y réfléchissons, la question importante est la suivante : quelle mesure de vérité (adequatio intellectus et rei au sens strict) y a-t-il dans ce qu’on nous dit à la maison, à l’école, à l’université ? Qu’y a-t-il de vrai dans les livres et les musées ? Qu’y a-t-il de vrai dans ce que nous disent maintenant les journaux et la télévision ? »

« La crédibilité du document photographique dépend en premier lieu de sa fonction historique en tant que fournisseur véridique et indubitable. En second lieu, et bien plus encore, elle dépend du charisme du discours institutionnel qu’elle sert et de la confiance que savent inspirer les sources d’émission. »

« Dans le fond, les touristes ne tentent pas une expérience de connaissance, mais bien plutôt de reconnaissance. Dans un safari, les touristes recherchent le déjà vu ; conscient de ce désir, les guides arrêtent leur jeep précisément là où le paysage s’accommode du topique, afin de satisfaire leurs clients. »

« CONSTELLATIONS (photographies de pare-brise constellé mais de poussières et d’insectes écrasés passant pour de véritables constellations célestes) démontre que même les traces peuvent être équivoques, que des empreintes aussi proches de la réalité matérielle peuvent nous désorienter et nous installer dans le mirage. Concluons, enfin, que le sens ne naît pas de la genèse de l’image, mais de sa gestion, c’est-à-dire de la constellation d’intentions qui le grèvent. »

« J’ai toujours considéré la photographie comme un texte ayant une structure de texte qu’il faut écrire et lire. Faire de la photographie c’est raconter des histoires. A l’opposé de l’idée répandue que la photographie est un reflet spontané du réel, j’ai toujours pensé l’image produite par l’appareil photographique comme une construction. Mon travail alors est une sorte d’écriture, une écriture en image qui souvent se déplace parallèlement à une écriture avec des mots. »

« L’humour reflète dans mon travail tout simplement ma façon d’être. Je participe au sarcasme méditerranéen comme une attitude de vie. Je crois que l’amusant n’est pas le contraire du sérieux mais de l’ennuyeux. L’humour peut-être très sérieux et, comme l’ironie, il appartient à la stratégie rhétorique du discours. D’un point de vue psychanalytique, il permet de véhiculer les tensions ; d’un point de vue social et communicant, il favorise l’empathie et la complicité du public. Pour moi, cette empathie est cruciale ; elle est même une condition sine qua non pour l’existence de l’œuvre d’art. Quelqu’un peut créer mais il n’y a pas d’œuvre d’art sans la confluence du regard, donc sans l’interaction entre le public et le spectateur. »
Toutes citations précédentes tirées de Volte face : à l’envers de la science, les leçons de l’histoire. Editions Images en manœuvres – Cairn/centre d’art.

MICHEL FOUCAULT :
« Mais les rapports que nous devons entretenir avec nous-mêmes ne sont pas des rapports d’identité ; ils doivent être plutôt des rapports de différenciation, de création, d’innovation. C’est très fastidieux d’être toujours le même. »

CATHERINE FRANCBLIN : critique d’art
« L’invention de l’art moderne n’est peut –être que la conséquence de la découverte par l’artiste de sa mobilité face au sujet qui l’occupe. » in ART PRESS n49.

ANATOLE FRANCE : 1844-1921, écrivain et critique français, prix Nobel de littérature en 1921.
« Ce que les hommes appellent civilisation, c’est l’état actuel des mœurs et ce qu’ils appellent barbarie, ce sont les états antérieurs. Les mœurs présentes, on les appellera barbares quand elles seront des mœurs passées. » (in Sur la pierre blanche).

SIGMUND FREUD : 1856-1939, médecin neurologiste, fondateur de la psychanalyse.
« Tout ce qui travaille à la culture travaille aussi contre la guerre. »

GLORIA FRIEDMAN : artiste plasticienne d’origine allemande, née en 1950.
« L’omniprésence des médias et de leurs images digitales conduit souvent à une confusion telle, que la réalité de notre monde semblent coïncider avec ses multiples images tramées. Je suis pourtant convaincue que c’est seulement une véritable confrontation avec la matière elle-même qui nous permet de saisir l’image de notre monde, afin de le réfléchir plus profondément. »

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